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Du côté de ma mère​​​​​​​​​​​, on perd son nom à chaque génération. Tout au début il y a des Maillard de père en fils maréchaux-ferrants, sachant lire et écrire. Bazoches-au-Houlme, puis ancrés à la fin du XVII° à Illiers l'Evèque au hameau du Bremien jusqu'au XXIX°. François Sébastien II va rejoindre son oncle maternel à Damville, se marie et part pour Paris comme serrurier-mécanicien. 1860. Inventeur de brevets industriels, il construit sa maison et son usine rue Burq à Montmartre. Vingt ans plus tard, à sa mort, il est adjoint au Maire du XVIII°. Il n'a eu que deux filles. L'une d'elles épouse un Thibouville, très ancienne lignée de luthiers à La Couture-Boussey, célèbre encore aujourd'hui pour ses cuivres, qui achètera le château du Bremien. L'autre, mon ancêtre, épouse Jean Guillaume Coché, industriel dans la porcelaine à Ixelles-Bruxelles. Ils ont quatre filles. Deux sont de fortes femmes. Magdeleine part à 23 ans faire le tour du monde, et choisit la Nouvelle-Zélande pour se marier avec S. Irwin et avoir deux filles. Elle est l'une des fondatrices des mouvements féministes newzélandais. Marthe est appelée par une de ses tantes Coché qui, sans héritier, lui confie la direction de la porcelainerie. Elle épouse un Demeuldre. Elle est décorée et représente l'excellence féminine belge. Suzanne épouse un Ovigneur dont elle a plusieurs enfants. Jeanne est mon arrière grand-mère. Elle épouse Charles Fumière, belge également, fils d'architecte, qui entre dans la bronzerie d'art Thiébaut et frères, dont finalement il pourra racheter l'usine et le nom. Jeanne Fumière-Coché meurt jeune laissant deux jeunes enfants : Jeanne qui sera peintre, Pierre qui sera électricien par devoir filial, mais surtout inventeur et photographe. Pierre épouse Viviane Quirot, fille d'un militaire né à Angers et d'une Mlle Blanche Faverolle native d'Argentan. Viviane est styliste, elle écrit, c'était certainement une intellectuelle. A cause de la tuberculose, elle dut vivre séparée des siens la plupart du temps, et mourut à 35 ans dans la maison Maillard rue Burq. Cette même maison qui est toujours dans notre famille.

 

Janine (Younet) Fumière est l'aînée de trois sœurs et orpheline à douze ans,elle passe pluseurs années de pension. C'est le pilier de la famille. Coututière chez Lanvin, soprano léger, elle est avant tout céatrice. Créatrice en cuisine, en couture, en jardin, créatrice d'atmosphère qu'elle doit réinventer à chaque déménagement. Attentive à chacun, passionnée de pédagogie. Héritière non seulement de la mémoire de sa famille, mais de leurs dons qu'elle associe avec art. Eprise de liberté intellectuelle. Aimante. Courageuse, surtout courageuse et s'offrant aux autres. Elle décide que vivant au Maroc, au soleil, ses enfants n'iront pas à l'école primaire. Elle met donc en place une pégagogie dont je ferai mon miel. Eloignée des siens, son séjour marocain n'a pas été très heureux, mais elle avait appris par son enfance une sorte de patience qui n'était jamais une résignation. Jean avait besoin de son aide pour réaliser ses maquettes, elle a donc mis ses qualités à profit. Un mois avant sa mort à 62 ans elle passait une nuit entière en charrette, et faisait un petit infarctus sans y prêter attention.

 

L'accueil, le débat, la curiosité, l'échange, la fête, le partage des savoirs, les voyages imaginaires, le regard porté sur l'art et la nature,  la fabrication du bonheur, l'ennui transformé en approche de la méditation, l'art de transcender le travail, de lui donner une profondeur, un rôle dépassant les contingences. Tout cela constitue mon héritage.

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