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ce que je sais à propos de l'autre

(extrait du texte récurrent)

 

alors l'autre entre dans la bouche de l'autre et s'y tient entre les dents et la langue            appuyé à la glotte de l'autre il l'étoufferait                        si l'autre ne s'était approprié le droit d'entrer sa main dans le cul de l'autre                         pour tenter de saisir les testicules de l'autre de l'intérieur             et si l'autre tendu à crier n'était parvenu à désengager sa langue             tout en se demandant s'il fallait ingurgiter le sang de l'autre             ou le laisser couler le long du menton où l'autre tente de faire pousser une barbe médiocre                         les autres sont de même emmêlés les uns dans les autres            à qui ne sait plus quoi tenir qui lui appartienne en propre             qui ne soit pas l'apanage de l'autre             ou la propre sève de l'autre             et l'autre saisit la chaise où l'autre est assis et les soulève             corps immobile et corps de bois            pour les jeter dans la porte vitrée qui vole                         et tous les autres autres crient ensemble cherchant leur propre voix parmi la clameur             les mains des uns et des autres ne sont plus que chasseurs et chasseuses                         et les membres des uns et des autres les bras de l'hydre             et les cheveux des uns éparpillés et tirés par les dents des autres             et les orbites des uns écarquillés sur les plaies des autres qui ne saignent même pas de leur propre sang              et les chuintements                         et les glapissements                         et les sifflements des uns ne sortent pas de leur bouche mais de leurs entrailles             qui sont épandues sur les couches            rendant insupportable tous les attouchements             mais sensibles mêmes les doigts sertis d'excréments quand ils se lèvent vers le ciel et s'engluent dans des bouches dressées au bout de cous distendus             et les halètements des autres sont comme les soupirs des uns                         qui les évitent en bouchonnant leurs oreilles avec des langues happées ici ou là            ou des trognons de nez            ou des pieds saisis par hasard et montés là près de l'autre pour l'épanouir             tandis que derrière la colline ou en bas de la falaise                         les autres marchent les chevilles entravées sous les baïonnettes des autres qui les fusillent un à un             selon la règle qui veut que chaque cri de plaisir ou interprété comme tel par l'autre entraîne la mort d'icelui en bas qui est son double martyre             les autres entassés dans les caves maugréent à chaque rafale             et les autres dans les écoles ânonnent en essayant de ne pas entendre             de ne pas répondre             ne pas décalquer             de ne pas copier             et les autres partis sur les mers font

A hurler (extrait)

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