Mes origines sont lorraines et normandes, un peu auvergnates et du Nord.

Mes ancêtres sont tous venus à Paris dans la seconde moitié du XIX° siècle. La plupart, s'ils n'y ont pas trouvé fortune ont pu monter d'un cran dans l'échelle sociale. La fille d'un mouleur dans les fonderies du Creusot épouse le fils d'un journalier de Mogeville (Meuse) qui, abandonnant le dur métier de scieur de long pratiqué depuis le XVII°siècle dans sa famille, est devenu contre-maître dans une fabrique de produits pharmaceutiques à Paris. Leurs trois fils deviennent militaire, acteur  (Constant Remy), et mon grand-père architecte-entrepreneur. Des ouvriers, C. Guédon  né dans le Nord, typographe,  et J. Demuyster venue de Rouen, brocheuse, habitent Vanves, travaillent chez Bergé-Levrault, ont quatre filles dont ma grand-mère. Par les Demuyster, nous appartenons à la galaxie des Dutuit, négociants et collectionneurs, dont un bout de l'immense héritage (comme pour plus de trois cents personnes !) leur revient en 1915. Paul, né en 1892, orphelin et sans ressources, a des dons pour le dessin et reçoit un Prix de la Ville de Paris. Grouillot chez un architecte, à quinze ans il fait le relevé de l'Abbaye de Royaumont. A 17 il rencontre Fernande Marie Guédon, couturière. Deux enfants en 13 et en 14. La Guerre dans la Meuse ! Sans le savoir il foule la terre de ses ancpetres à Douaumont. 1919, naissance de son troisième enfant, mon père. Crise de l'après-guerre. Courtier en vins. Un Architecte l'envoie dans l'Aine, à Braine, expertiser les dommages de guerre, notamment les usines sucrières. Naissance du dernier fils. Entrepreneur à son compte, enrichi, il fait faillite. Retour à Paris. Idée fixe de sa femme, aller dans le Midi. Le train. La mer éblouissante pour les enfants. Arrêt Cros de Câgnes. Sur le port des artistes (Dufy etc.), et un pêcheur qui n'a pas son propre bâteau. Association capial-travail.  le Natale de nuit au lamparo. Quand même quelques affaires. Une escale à Lyon. Deux hommes seuls au Buffet. Bavardent. L'autre cherche une propriété sur la Côte. Acquisition pour M. Amyot du Domaine de Falicon, sa vieille abbaye, sa pyramide, sa grotte. Installation à Nice, au Righi. 1928. Association avec le Prix de Rome Robert Giroud, un Lyonnais. Constuction d'immeubles en co-propriété (Cyrille Besset, puis Antoine Gautier), de villas. Voyage en Algérie, dans le désert. Imagine un Transsaharien en tunnel sous le sable. Commence  en 29 l'achat du château de Coutivert en Côte d'Or, et y envoie sa famille. Le mythe du retour à la terre... Faillite à Nice, provoquée par une collusion banques et notaires en pleine crise. Vente aux enchères de ses biens dans la cour du château. Paris. Accueil chez son frère l'acteur, hôtel particulier Bd Péreire. Puis deux pièces pour quatre rue Nicolas Houël. Entreprend l'écriture d'un film sur la Marseillaise, organise les stands des Provinces de France pour la Fête de la Puériculture.  Villiers sur Marne, café à midi, tartines le soir ! Parcourt les villages pour projeter des films et vendre des produits pharmaceutiques. Les enfants travaillent. La fille est couturière chez Schiaparelli. Les fils sont capables de vendre des œufs au porte à porte, de jouer du violon dans les cours, d'être garçon boulanger livrant à vélo. Jean à 13 ans parcourt les musées (Carnavalet..) pour relever des costumes militaires et fabriquer des soldats en balza qu'il vend. Puis entre aux studios de cinéma des Buttes Chaumont comme assistant décorateur. Avec son frère aîné, assistant astronome au Palais de la Découverte, ils ont des commandes de films animés sur l'Astronomie. Paris, en bas de la Butte Montmartre, Paul fonde l'Office Polytechnique Artisanal (O.P.A.) : architecture et bâtiment. Projet de s'installer dans le Périgord pour y fonder une sorte de thébaïde avec quelques amis. L'aîné rencontre un jeune algérien à l'Exposition cooniale de 1937 et le rejoint. Il est conducteur de car Djema Saharidj-Melka-Tizi Ouzou! 1938-1939-1940. L'ainé est prisonnier. Jean se libère tout seul quand son régiment est stoppé par les Allemands à Beaumont sur Oise. Il rentre à Paris dans la nuit, à pied, sans papiers. Toute l'Occupation, il vivra dans cette sorte de clandestinité qui en côtoie d'autres : il devient décorateur de boîtes de nuit, de magasins, entre la rue de Châteauneuf, Pigalle, Notre Dame de Lorette. Sa fiancée, revenue de Hautevilleoù elle a soigné sa tuberculose, habite chez son père rue Burq.

Paul couve sa famille. Il invente des ruses pour que son jeune fils n'aille pas au STO. Il achète à Decize une auberge capable de les loger tous et de les nourrir. Jean et Younet se marient le 11 novembre 1944 à Neuilly sur Seine. Je nais le 9 septembre 1945 à Decize, car je serai un garçon, l'aîné, l'espoir revenu après la Guerre. La France se relève difficilement. Paul part au Maroc et y attire ses fils. L'OPA refonctionne, mais pour lancer une nouvelle idée : faire des maisons à bon marché préfabriquées. Jean se désolidarise d'un projet qui avorte. Il reçoit une commande insolite : Faites moi une maquette pour l'immeuble que je construis. La première d'une série ininterrompue. D'abord pour l'ATBAT de Candélis, puis d'autres architectes, des photomontages avec Flandrin, jusqu'au retour en France en 1956. Paris, Monaco, Saint Jean Cap Ferrat. Sa femme travaille avec lui. Son fils Dominique se passionne tout jeune, s'associe et lui succède.